Chanel, la « Grande Mademoiselle » du XXe siècle
Coco Chanel apporte à la mode un renouveau en concevant une garde-robe qui libère le corps de la femme et lui confère la grâce dans l’art de se mouvoir.
Le XVIIe s connaît la Grande Mademoiselle, Duchesse de Montpensier, cousine germaine du Roi Louis le quatorzième, le XXe s a la sienne en la personne de Gabrielle Bonheur, dite Coco Chanel.
Mademoiselle Bonheur, un nom prédestiné
Saumur, 19 août 1883, une jeune couturière, Jeanne Devolle met au monde une petite fille. Le père du bébé est un colporteur, Albert Bonheur Chasnel. Peu enclin à s’embarrasser d’un jeune enfant, il l’abandonne à la mort de sa compagne, Gabrielle est, alors, envoyée à l’orphelinat. Ainsi commence la stupéfiante histoire d’une des plus grandes stylistes de tous les temps.
Coco, la petite chanteuse
Devenue « couseuse », comme on dit à l’époque, la jeune fille ne veut pas en rester là, car elle est ambitieuse. Elle tente les planches et le chant puisqu’elle admire la « Miss », l’icône du moment, Mistinguett. Si elle comprend très vite que la vie de cabaret ne lui convient pas, elle en conserve malgré tout un surnom, « Coco » tiré d’un de ses morceaux de prédilection « Qui qu’a vu Coco dans l’Trocadéro? ». Amusant pour une femme qui, des années plus tard, représente le symbole de l’élégance dans le monde et, qui, toute sa vie, hait la vulgarité…
Gabrielle sait qu’il lui faut prendre une nouvelle direction si elle veut s’en sortir. Entrent, alors, en scène les admirateurs nombreux et variés qui gravitent autour d’elle.
Coco a du charme et elle en use. Sa rencontre avec un homme riche lui permet de gravir, un par un, les échelons de la bonne société et de fréquenter le gratin de ce début de XXe siècle. Elle plaît, elle est piquante et son style, déjà élégant, interpelle et retient autour d’elle une nuée de messieurs, plus les riches, les uns que les autres.
Une histoire d’amour décisive va être le point de départ de sa prestigieuse carrière, sa rencontre avec un Anglais, Arthur Capel, homme d’affaires, grand joueur de polo qui va lui prêter l’argent pour financer sa première boutique. Plus tard, ses liaisons avec le Duc de Westminster, puis le Grand Duc Dimitri, cousin du Tsar de Russie, la propulsent dans un monde de luxe qui influence sa perception de la Couture et de ses dérivés.
La modiste Coco Chanel
La mode l’attire et la subjugue, elle décide de se lancer dans la confection de chapeaux.
Avec quelques bouts de tissus et son génie, elle crée des parures qui vont bientôt s’arracher. Ce qui plaît, c’est la grande simplicité de ses réalisations et ce chic inimitable dont elle est la créatrice.
Et pourtant, à l’époque, les élégantes portent des capelines avec une débauche de plumes, mais très vite, Gabrielle a une toute autre idée, elle crée des petits chapeaux qui mettent en valeur le visage et en adoucissent les contours.
Mademoiselle, la star de la mode
Le succès est au rendez-vous et Chanel s’installe dans une première boutique, rue Cambon (déjà!) en 1910. Cinq ans plus tard, elle étend son domaine et devient couturière avec des ensembles très modernes pour l’époque. Peu ou pas de fanfreluches, mais un style dépouillé, tissu près du corps, chic, c’est ce qu’elle prône et la réussite est au- delà de ses plus folles espérances.
En 1918, elle atteint la gloire, son nom est connu et reconnu et Mademoiselle Chanel fait son entrée au Panthéon des plus Grands Couturiers, comme Madeleine de Rauch, Maggy Rouff ou Elsa Schiaparelli pour les femmes, Lucien Lelong, Jacques Doucet ou encore Poiret pour les hommes.
Le comble de la sophistication: le tailleur Chanel
Un must de la collection Chanel est, sans nul doute, son fameux tailleur de tweed connu dans le monde entier, porté par d’éblouissantes élégantes telle Jackie Kennedy et copié des milliers de fois. Résolument sophistiqué, ce vêtement dont l’allure prédomine, est servi par un tissu aux couleurs judicieusement choisies, des boutons dorés sur la veste, les manches au sigle de la Maison et surtout un raffinement qui fait le succès de cette pièce jamais égalée. « Comme l’oubli du corps tout entier réfugié, absorbé dans la distinction sociale du vêtement » selon Roland Barthès, écrivain et critique littéraire.
L’éternelle petite robe noire
La petite robe noire, bien que d’une grande simplicité, attire, de même, les riches clientes . La préciosité des tissus utilisés dans tous les vêtements donne le ton. L’idée Chanel, c’est à la fois la somptuosité de la matière et la simplicité des pièces. Paradoxal, oui, mais qui débouche sur une étonnante perfection car le vêtement, outre son élégance, est magnifié tel une œuvre d’art.
La suite logique de cette exceptionnelle aventure passe par la création de parfums, en 1921, avec le fameux n° 5 et la création de bijoux en 1924. Avec des sacs, des chaussures et des colifichets, Gabrielle ne laisse rien au hasard.
Toute sa vie, cette amoureuse du bon goût et de l’élégance confectionne des pièces d’exception dont le monde de la Mode s’inspire encore de nos jours. Sa force réside dans un perfectionnisme outrancier qui sera à son paroxysme dans les dernières années de sa vie. Aujourd’hui, sa maison perdure grâce a un autre génie, le célèbre Karl Lagerfeld.
Le 10 janvier 1971, elle quitte la scène, seule, dans sa suite de l’hôtel Ritz, à Paris.
& n’oubliez pas...Enjoy !