
Le luxe et l’élégance, deux mots qui symbolisent parfaitement le prestige du Concorde, cet avion supersonique mythique qui en a fait rêver plus d’un.
Avec un poids de183 tonnes, une autonomie de 6500 km et une capacité de 100 passagers, le Concorde peut atteindre Mach 2,11 (rapport entre la vitesse de l’avion et la vitesse du son qui l’entoure), se déplacer à un peu plus de 600 mètres à la seconde, parcourir 2350 km/h en vitesse de croisière et voler à 51 000 pieds, soit 15 650 mètres d’altitude.
Premier vol
Le 21 janvier 1976, un événement exceptionnel se déroule sur la piste 26 droite de l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle: le premier vol commercial du supersonique Concorde (AF085), immatriculé F-BVFA, va relier Paris à Rio de Janeiro en passant par Dakar. A 12h 40, l’oiseau blanc, de 62,1 m, aux couleurs de la France, s’élance à 397 km/h et s’élève majestueusement dans le ciel, sous le regard médusé d’une foule nombreuse venue assister à l’événement. Aux commandes, 3 PNT (personnel navigant technique): Pierre Chanoine, commandant de bord, Pierre Dudal, copilote et André Blanc, l’OMN (officier mécanicien navigant). En cabine, 6 PNC (personnel navigant commercial), un chef de cabine, cinq hôtesses et stewards.
On retient parmi les passagers 60 Français dont Aurélie Houille, 82 ans, originaire de Toulouse (qui avait, tout de même, retenu son billet depuis 1967 !) huit Américains, six Allemands, quatre Italiens, deux Espagnols, deux Scandinaves et un Suisse.
Conjointement, à Londres, le même avion de British Airways prend son envol pour Bahreïn (Sultanat d’Oman, Moyen-Orient).
Les débuts du supersonique
Cette première d’un avion supersonique est réalisée à la suite d’un projet fort audacieux qui débute par un accord entre les gouvernements français et britannique, signé le 29 novembre 1962. L’aventure peut commencer. Le premier vol d’essai a lieu le 2 mars 1969. L’avion, train sorti et nez baissé, reste dans le ciel pendant 38 minutes.
Une initiative originale a lieu le 24 mai 1976: deux Concorde, l’un partant de Paris, l’autre de Londres, s’envolent à la même heure pour Washington (aéroport de Dulles). Ils font un atterrissage parallèle et se positionnent au parking, à l’arrivée, nez à nez. L’image fait le tour de la planète…
Mais le Congrès des Etats-Unis refuse l’atterrissage du supersonique à New York à la suite de différentes protestations des habitants de la ville qui affirment être gênés par les nuisances sonores de l’appareil. Il faudra de multiples démarches pour que, pour la toute première fois, Air France relie Paris à la Grosse Pomme (aéroport John Fitzgerald Kennedy) le 22 novembre 1977, en 3 heures et 39 minutes.
La grande cuisine à 15 000 m d’altitude
Les menus servis à bord sont concoctés par le nec plus ultra des grands chefs, comme Alain Ducasse pour n’en citer qu’un.
Le 21 janvier 1996, on fête les 20 ans de l’oiseau blanc. Ce jour-là, sur le vol New-York-Paris, le menu à bord est le suivant :
- Salade de homard à la julienne de mangue
- Tournedos sauté au poivre vert, pommes Berny
- Cèpes sautés bordelaise
- Mignardises
- Fruits frais
Le tout arrosé de bouteilles dignes des meilleures caves :
- Champagne cuvée spéciale
- Trois bourgognes blancs : Chassagne Montrachet 1992, Chablis 1992, Corton Charlemagne 1992
- Deux bourgognes rouges : Morey Saint Denis 1988, Beaune Grèves 1990
- Deux bordeaux rouges : Château Trottevieille, Saint Emilion 1990, Château Cantenac Borown, Margaux 1990
- Un sauternes : Château Rieussec 1991
Le luxe sur Concorde
Pendant toute sa carrière, l’aménagement de l’intérieur de l’avion est confié à de prestigieux décorateurs comme Raymond Loewy (1976), et Andrée Putman (1990) qui apportent leurs touches d’exception.

Une armada de brillants couturiers se penchent sur les uniformes du personnel navigant commercial (chef de cabine, hôtesses et stewards), tels Jean Patou, Nina Ricci, etc. L’uniforme représente l’image de la France à l’étranger, Il se doit donc d’être chic, de bon goût mais sobre, néanmoins.
25 juillet 2000: le crash
Le vol Air-France 4590 rencontre plusieurs problèmes techniques lors de son décollage qui va l’amener à s’écraser sur un hôtel de Gonesse, dans le Val d’Oise, tuant 100 passagers, 9 membres d’équipage et quatre personnes qui se trouvent au sol.
Au début, le Concorde roule sur la piste à 323 km à l’heure, tout est normal. Soudain, le pneu avant droit du train principal gauche éclate, après être passé sur une lamelle d’alliage de titane de 43 cm qui, on l’apprend plus tard, provient d’un DC10 de la compagnie Continental Airlines. Un fragment de pneu de 4,1 kg se détache et se plaque au-dessous d’une aile. l’onde de choc est telle qu’elle ouvre une brèche dans le réservoir de carburant et le kérosène commence à s’écouler à l’extérieur, inondant un moteur. Une étincelle met le feu. A ce moment précis, une perte de poussée est enregistrée sur le moteur gauche et la tour de contrôle signale au commandant Christian Marty que des flammes apparaissent à l’arrière. Hélas, il ne peut plus faire demi-tour, la piste n’est pas assez longue pour pouvoir s’arrêter, l’avion décolle avec un angle de 12°9.
Malgré un essai pour rentrer le train, rien ne se produit. Il est bloqué par de petits morceaux de caoutchouc qui tranchent les câbles électriques. L’avion ne vole plus qu’à 65 m d’altitude, le Bourget est à 3 km, mais, là encore, il est trop tard: les commandes ne répondent plus et l’avion décroche, tombe et se désagrège en touchant le sol. Il aura fallu, exactement, 120 secondes pour que le rêve se brise à jamais.
Dès le mois d’août, le certificat de navigabilité est retiré en France et au Royaume-Uni.
Quelques mois plus tard, la reprise s’avère difficile. L’avion coûte trop cher et les passagers se font de plus en plus rares. Le 31 mai 2003 a lieu le dernier vol commercial sous la bannière d’Air France. Le 24 octobre 2003, ce sera le tour de British Airways, mettant fin à une fabuleuse épopée de l’aviation civile.
Le F-BVFA, premier Concorde a avoir effectué un vol avec des passagers payants à son bord, est offert, en 2003, par la France aux Etats-Unis. On le voit aujourd’hui au Centre Steven F, Udvar-Hazy, musée national d’aéronautique de Chantilly, dans la zone aéroportuaire de Washington Dulles. Il a à son actif 27 années et huit mois de bons et loyaux services pour 17 824 heures de vol
Jusqu’à présent, aucun avion n’a jamais égalé le supersonique.
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