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Le jardin japonais, un art tout en subtilité

Le jardin japonais, un art tout en subtilité
Le jardin japonais, un art tout en subtilité Tous droits réservés Michèle LALLEE-LENDERS
Le jardin nippon symbolise un univers délicat fait de plantes, de collines, d’eau et de surnaturel divin.

Dans la religion shintoïste, les dieux sont présents partout dans la nature. L’homme, quant à lui, est le créateur qui magnifie un lieu ou un univers en l’entretenant, et qui en admire la sophistication due à l’extrême simplicité de sa réalisation.

De tous temps, le jardin japonais fascine par sa beauté, son élégance et son raffinement. Il peut être conçu dans de très petits endroits, quelques mètres ou centimètres carrés suffisent pour réaliser un chef-d’oeuvre.

On ne s’y promène pas, mais on le contemple comme une oeuvre d’art, tel un tableau de Van Gogh ou de Buffet, à ceci près qu’il est en trois dimensions.

Composé d’éléments spécifiques, comme l’eau, la pierre et les plantes, il apporte une part de mysticisme, une impression de stabilité et de quiétude.

Au VIe siècle, la philosophie bouddhiste entre dans l’univers du Japon et se mêle étroitement au Taoïsme en provenance de la Chine et de la Corée. La tradition d’utiliser des roches et de l’eau sous forme de mares ou de lacs naît à cette époque lointaine: c’est le début des jardins.

Le premier livre sur le sujet, toujours d’actualité

Le traité appelé De la création des jardins, est écrit par un fils d’une famille de la haute aristocratie japonaise, Tachibana no Toshitsuna (1028-1094). Il explique, point par point, comment imaginer un jardin selon onze rubriques et donne des règles précises dont les quatre principales sont:

  • La topographie des lieux (terre et eau) doit demeurer en son état.
  • Dans sa réalisation, le jardin peut rappeler, voire imiter, des endroits réputés.
  • Les principes chinois du Feng Shui et de sa symbolique sont à respecter lors du dépôt des éléments sur le sol.
  • Les jardins doivent être aussi proches que possible de la nature afin d’en capter, au mieux, l’esprit et les contours.

Etonnamment, aujourd’hui encore, on se réfère à ce texte ancien.

Les différents jardins

Plusieurs formes de jardins existent et chacune d’entre elles a un caractère propre bien défini:

  • Le jardin zen (Kare Sansui) ou jardin sec, sans aucune végétation, composé de sable, graviers et pierres figurant un paysage de montagnes. Il apparaît au XIVe siècle lorsque la secte Zen explose.

Il se compose de petites roches posées sur de minuscules buttes représentant des îles sur lesquelles on a disposé de la mousse.

Le sable et les graviers reproduisent symboliquement la surface de l’eau. Ratissés quotidiennement, ils préfigurent les vagues circulaires autour de chaque obstacle. Ce jardin est dit « vide » et ce vide est le symbole, par excellence, de la méditation.

L’une des bases du Zen est d’enseigner que la vision globale des choses n’est possible que si nous les regardons d’en haut. Nous n’avons autrement qu’une vision partielle et inexacte de ce que nous pensons voir. Il est donc vivement recommandé d’admirer ce jardin dans un endroit surélevé

  • Le jardin de thé, (Chaniwa)entouré de palissades, se trouve juste à côté du pavillon où l’on déguste le précieux breuvage.

On y voit un petit sentier, appelé chemin de rosée, fait de pas en pierre qui rappelle celui qu’emprunte les pélerins pour rencontrer l’ermite dans la montagne. Il est, en outre, le lien entre le monde moderne et la petite maison de thé dédiée avant tout à la réflexion intérieure. Le maître mot en est l’extrême simplicité pour ne pas détourner le regard de l’introspection nécessaire à la cérémonie qui va se dérouler. Des lanternes de pierre et un bassin d’eau pour la purification agrémentent le tout harmonieusement et donnent du corps au paysage sans en troubler cependant la quiétude.

  • Le jardin d’eau (Tsukiyama) dans lequel comme son nom l’indique on trouve une mince couche d’eau (entre 15 et 30 cm) où évoluent gracieusement les kois, ces carpes multicolores, élevées depuis plus de 2000 ans ou de petites tortues. On y ajoute une minuscule colline, quelques roches, des galets, des fleurs de lys et des nénuphars.

 

  • Le jardin d’ombre est composé d’arbres de tailles différentes. Il ne peut être entrepris que sur une surface relativement conséquente.

Dans ce type de jardins, le naturel prédomine. Rien ne doit laisser penser que la main de l’homme est intervenue dans ce que l’on peut voir, au contraire, il faut réussir à cacher les éventuelles traces qui pourraient subsister après le passage du jardinier.

 

Les fougères et les bambous sont les plantes utilisées pour ce genre d’endroits, quelques azalées, des plants de houx et des pierres granitiques.

On joue sur les couleurs en fonction des saisons permettant ainsi au promeneur émerveillé de savourer la nature de janvier à décembre, dans ce qu’elle a de plus magique à savoir une palette de nuances chatoyantes.

Des règles strictes

On le voit, le jardin japonais est, avant tout, la réalisation d’une oeuvre dont les règles sont strictes et précises sous peine de dénaturer les idéaux en la matière. Il doit représenter la nature dans ce qu’elle a de plus beau tout en gardant une vraie simplicité pour ne pas détourner le visiteur de sa méditation, mais plutôt l’y entraîner avec douceur, finesse et délicatesse.

De jolis spécimens de ces parcs miniatures sont présents partout au Japon. On y fait des promenades reposantes de par leur environnement calme et plaisant, mais aussi, à cause de leur étrange beauté sans cesse renouvelée.

Ce parcours est une plongée fantastique dans l’analyse de soi. Un pur moment de vrai bonheur.

 

 

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