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Une mort annoncée…

La Conciergerie Koskoo
La Conciergerie
Koskoo

Ce 16 octobre 1793, dans la prison de la Conciergerie à Paris, un horrible drame se joue. L’histoire est en marche.

Le procès est enfin terminé, plus de bruits, ni de hurlements, ni d’insultes, ni de paroles haineuses, un silence pesant envahit le cachot. Parlons-en, un endroit sale, malodorant, avec une paillasse en guise de lit, une petite table en bois blanc et deux mauvaises chaises comme on dit.

Quelque part, dans une pièce minuscule de la Conciergerie

Il est 4 heures et demie du matin, une femme termine sa dernière lettre à la lueur tremblante de deux bougies. Il s’agit de son ultime adieu aux siens et à la vie. La missive est adressée à sa belle-sœur et elle se termine par ces mots bouleversants:

« Je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants. Mon Dieu! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu ».

Elle dépose la plume à côté du papier et va s’allonger. Elle est si fatiguée, elle vient de passer un trop long moment debout, face à ses juges et elle souffre d’hémorragies incessantes qui l’affaiblissent.

Les dernières heures avant le châtiment

Un bruit de porte, « Mon Dieu, est-ce déjà l’heure? » Une petite silhouette s’approche, « Madame, il faut changer de linge et prendre quelque chose, j’ai apporté du bouillon que j’ai fait cette nuit ».

Elle sourit, « A quoi bon tout cela ? » mais la petite servante, à peine sortie de l’enfance, insiste tellement qu’elle finit par accepter deux cuillerées du liquide chaud qui lui font du bien.

Il lui faut passer, maintenant, une longue robe blanche devant les deux gendarmes qui ne la quittent pas des yeux. « Messieurs, je voudrais me changer, pouvez-vous vous retourner? » Les hommes refusent, ils suivent à la lettre ce qui est préconisé, il ne faut en rien agréer à quelque demande que ce soit de la part de la prisonnière.

Elle se lève, va dans la ruelle de son lit, la petite lingère tente bien de se mettre devant elle pour la cacher des regards indiscrets, elle lui tend le morceau de toile enroulé qui empêche le sang de s’écouler du corps de sa maîtresse et l’aide à enfiler son vêtement. « Va maintenant, ma fille, je n’ai plus besoin de toi » La petite arrive à la porte, se retourne pâle, défaite et dans un sanglot murmure « Au revoir, Madame ».

Encore quelques heures de tranquillité. Elle voudrait pleurer, mais ses larmes se sont taries après avoir vécu toutes ces infamies, ces horreurs et ces humiliations.

Le jour se lève, des bruits de pas retentissent, la porte grince, plusieurs hommes entrent dans la pièce. « Il est l’heure, citoyenne » explique l’un d’eux. La jeune femme s’assied. On coupe la chevelure dont elle est si fière, mais qui a viré au blanc en quelques heures. On pose un vilain bonnet sur sa tête et on lui lie les mains, dernier affront à son statut, mais qu’importe, elle est prête.

Avant de sortir, elle jette un coup d’oeil à sa geôle et suit le couloir jusqu’à la petite cour du Mai. Il fait frais, elle respire, à pleins poumons, l’air, oui l’air comme elle n’en a plus senti depuis si longtemps. Dehors une immonde charrette attend, à sa vue, elle a un recul, mais s’assied, droite, le regard perdu dans le lointain.

Le courage pour supporter l’insupportable

Le peuple de Paris est venu, silencieux, les hommes se découvrent sur son passage, les femmes se signent. Seul un calme pesant envahit les rues par lesquelles le convoi passe. Curieusement, peu d’injures ne la salissent pour ce dernier voyage.

Dans cette infâme carriole qui l’emmène vers son funeste destin, pense-t-elle à la Cour de Vienne, à sa mère si aimante, à ses frères et soeurs, à son départ pour la France à quatorze ans ?.

Se rappelle-t-elle de son amitié pour Louis XV, de son mari Louis XVI, cet homme timide, mais si bon, de son fils, son Chou d’Amour, l’enfant mâle tant espéré et de sa fille, la petite Madame Royale, enfin d’Axel de Fersen, l’homme pour lequel elle cultive une tendresse toute particulière.

S’accroche-t-elle à eux en pensée pour ne pas faiblir ?.

Elle a hâte que tout cela finisse, il y a trop longtemps qu’elle souffre, son mari a été guillotiné, on lui a arraché son petit garçon et on en a fait un rustre. Privée de ce qui lui restait de famille, elle a été emprisonnée à la Conciergerie, dans cet endroit sinistre, d’une saleté repoussante et ses derniers mois se sont passés dans le noir, sans aucun rai de lumière ou de soleil.

Alors, que regretter ? Pourquoi continuer à vivre? La mort est la bienvenue, elle apporte la délivrance et la paix… enfin.

La place de la Révolution, noire de monde, est en vue, elle lève les yeux et regarde sans trembler l’instrument de torture qui va lui apporter la mort, cette horrible machine que l’on nomme la guillotine.

Au pied des escaliers, elle monte précipitamment, si rapidement qu’elle en perd un soulier. Le bourreau, Henri Sanson l’attend, par inadvertance, elle lui marche sur le pied, « Monsieur, je vous demande excuse, je ne l’ai pas fait exprès », ce sont ses ultimes paroles.

Mise sur la planche, une corde autour du corps, à douze heures quinze, le couperet tombe et lui arrache la tête. A ce moment précis, la foule hurle: « Vive la république ».

Maria Antonia Anna, Josepha, Joanna de Habsbourg-Lorraine, plus connue sous le nom de Marie-Antoinette d’Autriche, Reine de France et de Navarre vient d’être exécutée par décapitation.

Il y a exactement deux cent vingt ans que la folie et la cruauté des hommes ont mis fin à ce terrible destin…Triste anniversaire.

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